Qu’est-ce qu’une limite ?
Une limite est une frontière entre deux territoires. Elle peut être palpable et physique, comme la clôture d’une maison qui marque la limite entre l’espace privé et public, ou peut être une notion, bien que réelle toutefois, comme la limite entre mon corps et celui de l’autre. Ces limites ne doivent pas être franchies! Mais nombre de limites sont des injonctions que nous nous imposons à nous même. Toute la subtilité est de savoir repousser nos limites limitantes, celles qui nous freinent, et de poser nos limites aidantes, celles qui nous portent. Je ne vous apprends rien en vous disant que des limites il en faut, sinon ce serait l’anarchie. En effet, il y a des contraintes légales auxquelles nous devons nous plier. La déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ne dit-elle pas : « la liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence » ? Cependant, nombreuses sont les contraintes que nous nous imposons comme un préalable, comme une évidence, alors qu’elles ne sont pas dans la réalité du monde, mais bien dans la représentation que nous en avons.
Les limites limitantes : source de conflits avec soi-même et avec les autres
Alors comment reconnaît-on nos limites limitantes ? Elles s’incarnent dans toutes les phrases que nous faisons commencer par « Je n’accepte pas que… », « Je ne peux pas dire... », « Je suis comme ça je ne peux pas changer », « Je ne peux pas faire ça ».
Fréquemment en coaching on entend, « je ne peux pas passer du temps à jouer avec mes enfants si la maison n’est pas rangée », « je suis nul en anglais (ou autre), je n’y peux rien », « Je n’ose pas dire à mon patron ce que je pense », « je n’accepte pas que mon ado ne se confie plus à moi » etc.
Alors qui a dit que la maison devait toujours être rangée ? La société ? Notre copine quand elle vient à la maison et se permet de dire « Ouhla ! Ma chérie quel bazar » ? Notre propre mère qui affirme « mais mon chéri je ne t’ai pas élevé comme ça ! » ? Nous-même parce que nous avons peur d’être jugé ? Repousser une telle limite permet d’être beaucoup plus zen et disponible pour nos enfants.
La personne qui est nulle en anglais risque de se détourner de tout ce qui concerne l'anglais, ce qui va la limiter. Alors, on est nul en anglais, certes, mais n'y a-t-il pas des moyens de contourner cette limite plutôt que de tomber dans le fatalisme ? Se dire, et bien effectivement après plusieurs tentatives pour améliorer mon anglais, je me rends compte que je n’y arrive pas, et je vais mettre en place des stratégies pour ne pas être impacté : postuler dans des pays francophones, m’acheter un logiciel de traduction de bonne qualité, aller en Angleterre avec des amis qui maîtrisent la langue…
De même, qui a dit qu’on ne peut pas être franc avec notre patron ? L’origine de cette limite est une croyance. Dernièrement j’ai lu sur Facebook, une citation signée Platon « Personne n’est plus détesté que celui qui dit la vérité ». Ok, ok.. et si on laissait à Platon ce qui est peut-être à Platon, n’est-ce pas ? Tout est question de nuances : dire les choses avec tact, de manière argumentée, parler en terme de besoin, comme le préconise la communication non violente, tout cela permet effectivement de dire la vérité sans blesser personne. Et si la personne en face est blessée, c’est sûrement qu’elle est face à une de ses propres limites. N’en faisons donc pas une affaire personnelle.
Si nous avons du mal à accepter que notre ado ne se confie plus à nous, c’est peut-être parce que nous avons la valeur dialogue, et qu’elle devient dans ce cas-là une limite. C’est aussi peut-être car nous avons du mal à accepter le changement. Notre loulou n’est plus si petit que ça, il devient adulte, il a coupé le cordon et a le droit à son libre-arbitre. Lui laisser le choix de son expression est le gage d’une relation harmonieuse.
Comment lever nos limites limitantes et poser nos limites aidantes ?
Vous l’aurez compris, les causes de nos limites limitantes sont souvent des peurs, comme la peur de ne pas être aimé, d’être rejeté, de faire du mal, de créer des conflits, ou encore des croyances, des réticences aux changements. En prendre conscience est déjà une façon de lever ces limites et aller vers plus de limites aidantes. Et une fois que nous avons identifié nos limites limitantes et leurs causes, il faut mettre en place des plans d’actions qui vont nous permettre d’avancer.
Ainsi pour ne reprendre qu’un seul des exemples cités plus haut, dans le cas du parent qui n’arrive pas à consacrer du temps à ses enfants si la maison n’est pas rangée, il est fort possible que ce soit sa peur du jugement des autres qui le bloque. S'il est dans une démarche de changement par rapport à cette problématique, les actions qu’il va choisir de mettre en place peuvent être les suivantes : « dire à ma mère de ne plus passer à l’improviste, impliquer les enfants dans le rangement de la maison par le jeu, se rappeler tous les soirs 3 choses positives qui ont été possibles en renonçant à une maison impeccable ». Ce ne sont bien entendu que des exemples, car d’une personne à l’autre les actions mises en place sont différentes.
De même dire « je suis trop gentille, je me laisse marcher dessus, c’est comme ça je n’y peux rien » est faux, car nous y pouvons toujours quelque chose. Reste à savoir si nous sommes prêts à agir. Tout est question de responsabilité. En réalité, il faudrait dire « je suis trop gentille mais je n’ai pas la volonté de changer », et faire avec, sans se plaindre. Mais ceci n’est pas possible, car si nous verbalisons cette limite c’est bien qu’elle nous pose problème. Pour avoir plus de sérénité dans ce cas-là, il faut prendre conscience de notre besoin de poser une limite aidante fondamentale: savoir dire non ! Nous avons peut-être peur du conflit, ou peur de ne pas paraître sympa. Dans les deux cas, pour nous aider, nous pourrons alors nous rappeler à nous-même que l’autre va toujours jusqu’où nous le laissons aller, ou encore que dire non aux autres c’est dire oui à soi-même !
Tout cela c’est le travail du coach, qui par son questionnement va amener son coaché à poser ses propres limites aidantes, et non lui dicter la bonne conduite. Tout d’abord car il n’y a pas une seule façon de faire, ensuite parce que cela reviendrait à être influent avec une personne qui cherche justement à s’affirmer, et enfin une solution n’est efficace que lorsqu’elle est trouvée par le personne elle-même, c’est le principe de base du coaching.
Comme toujours tout est question d’équilibre. En ce qui concerne les limites, cela reviendrait à manier l’art de poser nos limites aidantes et de repousser nos limites limitantes. Soyons vraiment acteur de nos vies en diminuant notre zone de contraintes et en augmentant notre zone d’influence !
Isabelle Cataldo, coach professionnelle certifiée RNCP, pour www.ic-coaching.fr
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