Tout d’abord il est impératif de rappeler qu’à l’adolescence le jeune vit un tsunami hormonal : 50 fois plus de testostérone pour les garçons, 20 fois plus d’œstrogènes pour les filles par exemple. Leur corps change et cela demande du temps et de l’énergie à intégrer et à accepter.
1. Un sommeil perturbé et une attitude qui pourrait passer pour de la désinvolture
Les parents que je coache sont souvent dans l’incompréhension quand leur enfant devient adolescent. Cette incompréhension fait naître alors des croyances limitantes qui entravent la bonne communication avec le jeune. En effet, beaucoup pensent "mon ado est paresseux et je ne le supporte plus". Agacement et déception viennent alors noircir le tableau. Il faut alors reprendre le problème à la base : les adolescents ne sont pas paresseux, ils ont seulement un sommeil fortement perturbé. L'adolescence passée tout rentre dans l’ordre. Ce phénomène est encore une fois dû au tsunami hormonal par lequel ils passent, et qui leur demande beaucoup d’énergie, d’où une fatigue latente.
Mais surtout leur taux de mélatonine, hormone du sommeil, baisse et est décalée. Leur sommeil lent et profond est alors perturbé. Tous ces facteurs expliquant aussi une certaine irritabilité et non un besoin d’être en conflit, de l’inattention et non du mépris. Accepter ce fait scientifique permet de porter un regard bienveillant sur notre ado, lâcher prise et cesser de nous inquiéter pour son avenir. Ce n'est qu'une phase de sa vie.
2. Une nouvelle façon de penser en construction
A l’enfance, notre façon de réfléchir est guidée par ce qu’on appelle la pensée magique : ce que l’on pense est tout simplement vrai. C’est en grandissant que la pensée devient hypothético-déductive, et pour les adolescents ceci est tout nouveau et prend encore une fois du temps. Ils apprennent à se forger une opinion, à faire des hypothèses, à déduire et à raisonner dans l’abstrait. Ainsi lorsque l’adolescent est silencieux cela ne signifie pas qu’il fait la tête, mais au contraire qu’il prend le temps de la réflexion. Il s’approprie la pensée hypothético-déductive, ce qui est très positif. Quand on a compris cela, on ne prend plus les choses personnellement et les relations deviennent beaucoup plus harmonieuses.
3. Il entame un processus d’individuation-séparation
Ce processus permet de nous distinguer en tant qu’individu bien différent des autres. Pendant l’enfance, les parents sont le modèle principal. L’enfant existe à travers ses parents et c’est à l’adolescence que le jeune prend conscience qu’il est un individu à part entière ,et qu’il peut construire sa propre identité, différente de celle de ses parents. Ceci suscite alors inconsciemment de la détresse et de la culpabilité, puisque c’est un deuil à faire. Pour se sentir sécurisé et valorisé, l’adolescent va alors investir d’autres objets d’attachement : les amis, les idoles, les petits-amis… C’est pourquoi je vois souvent des parents en coaching qui me disent « vu que ça vient de moi c’est forcément nul », « il rejette tout ce que je propose ».
Quand on comprend que ce comportement n’est pas orienté contre nous, mais pour lui, que c’est une introspection, nous sommes plus à même d'accueillir sans juger.
Les croyances que nous avons alors sur les adolescents disparaissent :
- Non, l’ado n’est pas hostile à ses parents, il s’éloigne pour se construire.
- Non, l’ado n’est pas perdu dans ses goûts, ses amis, son style, au contraire il teste ce qu’il aime.
- Non, l’adolescent n’est pas volontairement mystérieux, il ne sait pas encore qui il est.
4. L’adolescent devient « sexué » et tient ses parents à distance
Dernière raison qui découle de la 3eme car elle fait partie du processus d’individuation, l’adolescent se découvre sexué, c’est-à-dire qu’il devient capable de se reproduire. Ceci engendrant des pulsions sexuelles naturelles, inconsciemment il va tenir à distance ses parents et notamment le parent du sexe opposé. C’est une sorte de résurgence du complexe Œdipe que l’enfant connaît autour de 5 ans. Cette mise à distance nécessaire permet de répondre à l’interdit de l’inceste, le jeune tient le parent à distance pour le protéger ! Aucun mépris là encore, aucun désamour non plus.
Pour conclure, prendre le temps de voir l’adolescence sous l’angle scientifique et psychologique permet de casser toutes les croyances concernant cet âge. Ce sont ces croyances de paresse et d’hostilité qui polluent les relations parents/adolescents. Notre ado ne nous rejette pas, il grandit !
Isabelle Cataldo, coach professionnelle certifiée RNCP, pour ic-coaching.fr
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